Vers une « japonisation » de l’Europe ? Quelles sont les similitudes et les différences entre le Japon et la zone euro ?

18 février 2020

L’Europe se dirige-t-elle vers le même malaise économique que le pays du soleil-levant ? Azad Zangana, économiste spécialiste de l’Europe chez Schroders, passe en revue les similitudes et les différences entre la zone euro et le Japon. 

Le malaise économique que le Japon connaît depuis les années nonante est tel que la « japonisation » est devenue un concept. Il désigne une économie qui semble évoluer dans la même direction que le Japon et qui est confrontée à une longue période de faible croissance. Depuis l’éclatement de la bulle en 1990, l’économie japonaise est confrontée à des décennies de stagnation. Plusieurs analystes ont récemment établi un parallèle entre l’Europe et le Japon. Ils se basent sur la croissance atone, la menace de déflation et les taux d’intérêt négatifs pour affirmer que la japonisation de l’Europe est imminente.

Mais est-ce bien justifié ?

Pour le savoir, Azad Zangana s’est penché sur les causes sous-jacentes et sur le développement ultérieur du Japon dans les années nonante. Il les a ensuite comparées à la situation actuelle dans les quatre plus grands États membres de la zone euro : l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie. Il distingue des similitudes, mais aussi des différences majeures entre les superpuissances économiques.

Les ressorts de la croissance

Il y a de grandes différences entre la croissance du Japon après la crise des années nonante et celle de l’Europe après la crise financière. Au Japon, les investissements des entreprises ont dégringolé, ce qui a eu un effet négatif à long terme sur la productivité. En Europe, les investissements en capital ont enrgistré une chute moins marquée et ils sont repartis à la hausse.

Le marché du travail

L’évolution démographique est faible au Japon et en Europe, et la durée du temps de travail diminue en Europe. Mais il y a en Europe une marge d’amélioration potentielle de la participation des personnes âgées et des femmes au marché du travail. Le chômage est aussi plus élevé en Europe qu’il ne l’était au Japon, ce qui donne à penser qu’en cas de création d’emplois, il y a un potentiel de croissance de la demande. Une autre différence importante est la migration. Une partie du vieillissement de la population européenne peut être compensée par l’immigration.

L’inflation

Le Japon et l’Europe souffrent tous deux d’une faible inflation. Au Japon, la croissance des salaires a pâti du taux de chômage. Le marché du travail est resté insensible à l’évolution du PIB. Malgré la profonde récession, le chômage n’a pratiquement pas augmenté. Les salaires n’ont pas baissé, tandis que la productivité est restée faible.

En Europe, la relation inverse entre le chômage et la croissance des salaires s’est affaiblie au niveau national, mais pas au niveau de la zone euro. Dans la zone euro, l’emploi a réagi aux fluctuations du PIB et de la demande. Cela laisse de la marge pour une reprise de la croissance des salaires. 

Les exportations 

Le Japon et l’Europe ont une industrie fortement dépendante des exportations et sont des exportateurs de capitaux. Mais le Japon est plus dépendant des exportations pour sa croissance économique que l’Europe qui peut se rabattre aussi sur la demande intérieure. 

La politique budgétaire

Les deux régions ont connu une augmentation significative de leur dette, mais l’Europe a une politique budgétaire plus stricte que le Japon, qui a augmenté ses dépenses de manière significative au cours des dernières décennies. Dans la zone euro par contre, des mesures d’austérité sont prises pour réduire les déficits publics.

La politique monétaire

Dans ce domaine également, il existe de grandes similitudes. La BCE a mené une politique plus agressive que la banque centrale japonaise. Cette attitude peut cependant s’expliquer par les restrictions imposées par l’union monétaire et l’absence de partage des risques.

D’une manière générale, les similitudes sont nombreuses entre la politique monétaire du Japon et celle de la zone euro.

La monnaie

Une différence importante est la mesure dans laquelle la BCE a réussi à déprécier sa propre monnaie, alors que le yen s’est au contraire fortement apprécié. C’est peut-être là une des principales raisons pour lesquelles la zone euro a échappé à la japonisation.

L’ordre social

En Europe, la population descend dans la rue pour s’exprimer parfois bruyamment sur des sujets comme l’immigration ou l’austérité. C’est impensable au Japon, où la solidarité et l’ordre social sont au cœur de la culture, ce qui contribue à expliquer l’évolution du marché du travail après l’éclatement de la bulle.

Il en a résulté des décennies de sous-emploi, de faible productivité, de maigres augmentations salariales et de déflation. En Europe, lorsque des changements sont nécessaires, cela se traduit par une montée des partis populistes. Les mauvaise performances macroéconomiques sont donc moins tenables en Europe, car la population sera facilement encline à voter pour le changement.

Azad Zangana perçoit de nombreuses similitudes entre l’Europe d’aujourd’hui et le Japon depuis la crise asiatique. La zone euro est confrontée à des défis majeurs, notamment au niveau de l’évolution démographique et du vieillissement de la population. Mais les différences macroéconomiques et politiques sont telles que l’Europe reste préservée de la japonisation.

Lire aussi Is the eurozone turning Japanese?, d’Azad Zangana, économiste spécialiste de l’Europe chez Schroders.

Azad Zangana

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Press and media relations, BeFirm

Tânia Jerónimo Cabral

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