Trois raisons pour lesquelles l'Asie va passer le relais de la croissance à d’autres pays émergents
25 mars 2021
Cette année, les marchés émergents asiatiques ont pris un bon départ. Les spécialistes de Schroders s’attendent à un retournement et trois raisons font penser que d’autres marchés émergents vont prendre le relais.
Les perspectives de Schroders pour les marchés émergents sont optimistes. En 2021, la croissance moyenne de ces marchés atteint 7 %. Schroders pense qu’une rotation va s’opérer. À court terme, la Chine et les économies tournées vers l’exportation mènent la danse, grâce à une demande solide de biens de production. Mais cette reprise cyclique va ralentir dans le courant de l’année.
Schroders estime que le relais sera pris par d’autres pays émergents au fur et à mesure que les stocks se rempliront et que l’économie mondiale se redressera, ce qui fera glisser la demande des biens de production vers les services. Cela peut entraîner un retournement de la surperformance récente des marchés émergents asiatiques. Schroders y voit trois raisons :
1. Les principaux indicateurs de l’économie chinoise semblent avoir atteint un sommet
Les décideurs politiques chinois font preuve de prudence dans la réduction des stimulants monétaires et budgétaires. Mais un resserrement progressif, combiné à un renforcement de la régulation du secteur immobilier, mettra la pression sur l’activité économique. Schroders prévoit un recul de la croissance chinoise à 5,7 % en 2022.
2. Le cycle de l’industrie manufacturière arrive en bout de course en Asie
Le ratio de nouvelles commandes par rapport au stock a fortement reculé. Lorsque ce ratio est élevé, les stocks de biens sont faibles par rapport aux commandes qui entrent, ce qui entraîne l’augmentation de la production. Lorsque ce ratio est faible, les nouvelles commandes peuvent être facilement rencontrées avec les stocks existants, sans avoir à augmenter la production.
La raison de ce recul vient du fait que les entreprises ont rattrapé la forte demande de biens pendant la pandémie et que les commandes à l’exportation se sont réduites. Ceci a supprimé un stimulant important favorisant la forte croissance de la production industrielle. La position centrale de la Chine dans la chaîne d’approvisionnement mondiale signifie que, normalement, le secteur industriel chinois prend la tête dans le reste de l’Asie (voire du monde), ce qui indique que le cycle de stocks dans la région va bientôt connaître un revirement.
Au fur et à mesure que les mesures de stimulation dans les pays occidentaux, en particulier aux États-Unis, seront introduites, la demande repartira légèrement. Quelques exceptions soutiendront l’activité économique, notamment dans le secteur des semi-conducteurs. Mais, globalement, il apparaît que l’industrie exportatrice perdra de la puissance dans le courant de l’année, au fur et à mesure que la reprise de l’économie mondiale fera glisser la demande des biens vers les services.
3. La croissance va s’accélérer
Au moment précis où l’activité industrielle en Asie tiédira, la croissance sur les autres marchés émergents va s’accélérer à mesure que les pires effets de la crise de la Covid s’estomperont et que la vaccination atteindra sa vitesse de croisière.
De nombreux pays asiatiques ont relativement bien traversé la crise de la Covid et dépendent davantage de l’industrie de transformation. Ils profiteront donc moins de la vaccination et de la « normalisation » de l’activité que d’autres marchés émergents au secteur de services plus développé.
La situation est bien entendu plus nuancée, la reprise de certains marchés émergents étant freinée, comme au Brésil qui semble devoir bientôt affronter une nouvelle vague de contamination. La récente augmentation du nombre d’infections en Inde représente également, à cet égard, une évolution inquiétante. Mais, de façon générale, d’autres régions devraient reprendre le rôle de l’Asie comme moteur de la croissance sur les marchés émergents.
Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?
Les investisseurs doivent tenir compte d’une rotation au sein des marchés émergents dans le courant de l’année. Cette année, par exemple, les actions asiatiques ont enregistré de meilleures performances que les actions d’Amérique latine. Cela peut changer au cours de l’année.
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