Quelles sont les conséquences pour les investisseurs de l'augmentation de la dette publique après la crise de la Covid-19 ?
1 octobre 2020
La dette souveraine augmente de manière significative en raison des mesures de relance prises pour contrer les effets de la crise de la Covid-19. La crise a un impact énorme. Plusieurs problèmes politiques se posent en lien avec les soins de santé, l'économie et les inégalités. Une question importante est de savoir comment rembourser cette dette énorme. La réponse à cette question est déterminante pour l'économie et les marchés à court, moyen et long terme. D’après les spécialistes de Schroders, elle peut conduire à un changement fondamental du cadre de la politique financière.
Schroders s'attend à un changement dans le mix des politiques mises en œuvre, les mesures budgétaires étant appelées à jouer un rôle plus important. Cette évolution illustre l’acceptation progressive d'une théorie monétaire plus moderne. La théorie monétaire moderne s'éloigne de l'idée qu'un gouvernement fonctionne comme le budget d'un ménage. Les comptes ne doivent pas nécessairement être en équilibre, car un gouvernement a la faculté de créer de l'argent. Ce sont les conséquences inflationnistes des politiques menées qui limitent les gouvernements dans les dépenses ou les réductions d'impôts. C'est l'inflation, et non pas le budget, qui détermine la politique.

Annulation de la dette ? Ou y a-t-il d'autres options ?
Lorsque la crise de Covid-19 sera derrière nous, il faudra voir comment réduire la dette gigantesque. Dans le cas le plus optimiste, c’est la croissance du pays qui la résorbera. Grâce à une productivité accrue. Mais ce n'est pas simple. Schroders craint que l’augmentation de la productivité et la croissance économique en général restent relativement faibles.
Il reste alors quatre options pour se libérer du fardeau de la dette :
- L’annulation de la dette
- L’inflation
- La répression financière
- La consolidation budgétaire
L'annulation de la dette est très peu probable, si bien qu’il faudra donc trouver un compromis ou une solution combinant les trois autres options.
Par l'inflation
Avec l’inflation, la hausse des prix entraîne à terme une érosion de la valeur réelle de la dette. Mais une hausse significative de l'inflation semble être un défi. Les prévisions tablent en effet sur une inflation faible.
Par la répression financière
La répression financière consiste en des taux d'intérêt réels négatifs sur une longue période et des interventions des banques centrales sur les marchés financiers. Ce n'est pas une nouveauté. Au sortir de la guerre, cette méthode a été appliquée pour alléger le fardeau de la dette. La crise financière a elle aussi été suivie d'une période de taux d'intérêt directeurs négatifs.
Par la consolidation budgétaire
La consolidation budgétaire dépend de la réussite des politiques précitées. Un certain degré de resserrement budgétaire est nécessaire, car le niveau actuel des mesures de soutien n'est pas tenable. Mais l'ampleur et le rythme du resserrement dépendront de considérations politiques et économiques. L'austérité est très impopulaire.
La théorie monétaire moderne est considérée à tort comme un « repas gratuit », dès lors qu’elle permet aux gouvernements d’augmenter leurs dépenses à l’infini. Schroders n’est pas de cet avis. Les déficits budgétaires ne peuvent pas croître indéfiniment, car la hausse de la pression inflationniste aura pour effet de mettre un frein aux mesures prises. La théorie monétaire moderne considère comme bénéfique la combinaison d'une stimulation budgétaire continue et de faibles taux d'intérêt. À un moment donné, cette politique combinée conduit à une augmentation des prévisions d'inflation jusqu’à atteindre un niveau socialement inacceptable, ce qui débouche donc sur des politiques plus restrictives.
Implications pour les marchés
Les différents choix politiques entraînent des différences en termes de politique budgétaire. Ils créent de la volatilité et des opportunités, en particulier sur les marchés des devises. De plus, il peut y avoir des opportunités de taux d'intérêt entre les différents marchés. Les pays menant une politique axée sur la croissance seront récompensés plus que les autres. Dans cette optique, Schroders est très positif par rapport aux récents développements dans la zone euro. Le gestionnaire d'actifs ne partage pas le scepticisme à l'égard du fonds de relance. Au contraire, c'est un dispositif bien conçu qui peut servir de modèle à d'autres décideurs politiques.
Historiquement, les réunions de politique monétaire attirent plus l'attention tandis que les développements de la politique budgétaire restent souvent relégués à l’arrière-plan. Schroders juge utile de consacrer à l'avenir au moins autant de temps et d'attention aux décisions budgétaires qu’à celles relatives aux taux d'intérêt.
Lire aussi What are the investment implications of mounting government debt post-Covid?, de Schroders.