Les perspectives pour l'économie mondiale s'améliorent légèrement mais les risques persistent
28 août 2020
Les perspectives pour l'économie mondiale sont légèrement moins mauvaises qu'il y a un mois. Keith Wade, économiste en chef chez Schroders, prévoit désormais une baisse de 4,6 %, notamment grâce aux résultats bien meilleurs du deuxième trimestre aux États-Unis. L'évaluation précédente de la contraction s'établissait à 5,4 %. L'inflation semble rester faible, ce qui permet aux banques centrales de poursuivre leurs politiques accommodantes. Schroders prévoit toutefois un changement à la tête de la Maison Blanche, et un Congrès probablement divisé.
La levée progressive des mesures de confinement, notamment en Europe, entraîne une croissance progressive de l'activité économique. Le virus s'accroche, mais le nombre de décès diminue, ce qui indique une meilleure prise en charge de la situation.
Contribution à la croissance de l'économie mondiale

Mise à jour sur la croissance économique
La reprise économique se poursuit, même si son rythme est moins soutenu. Après la première éruption de la reprise de la demande, on pourrait parler maintenant de dépenses modérées. Le secteur des biens profite de l'assouplissement des mesures, mais le secteur des services éprouve davantage de difficultés à s'adapter à un monde qui impose la distanciation sociale et la limitation du nombre de personnes qui peuvent se réunir. Les hôtels, les compagnies aériennes ou les entreprises de loisirs, notamment, opèrent des restructurations dont les conséquences sur l'emploi sont importantes.
Pour 2020, Schroders prévoit une contraction plus modérée de -4,6 % contre -5,4 % précédemment. La principale raison réside dans les performances supérieures aux attentes de l'économie américaine au deuxième trimestre. Les perspectives sont également revues à la hausse pour le Japon et les marchés émergents. Pour la zone euro et le Royaume-Uni, on assiste à un ajustement à la baisse en raison de revers au deuxième trimestre.
La forme prise par la croissance d’un certain nombre d'économies s’apparente plutôt, à court terme, à une racine carrée. Globalement, Schroders table sur une reprise en forme de U. En 2021, la croissance mondiale devrait progresser à 5,1 % (précédemment, 5,3 %), soutenue par la souplesse de la politique budgétaire et l'arrivée d'un vaccin en milieu d'année, qui serait distribué au cours du troisième trimestre. Ce dernier aspect revêt un caractère crucial pour vaincre la prudence du monde des entreprises et des consommateurs qui mettra probablement un frein aux investissements et à la consommation.
Biden remplace Trump
Pour Schroders, le scénario le plus probable est que Trump doive faire place nette. Mais, selon Wade, le Congrès restera probablement divisé. L'effet positif sur la croissance économique en sera donc limité. Mais l'insécurité relative à la politique extérieure diminuera. Les tensions avec la Chine retomberont forcément, mais la guerre commerciale durera certainement jusqu'à fin 2021. Le vote par correspondance risque de susciter des fraudes et de pousser Trump à contester le résultat de l'élection. Cela mettrait un coup d'arrêt à l'économie parce que les entreprises et les consommateurs suspendraient leurs projets.
L’inflation reste faible
L'augmentation des prix pétroliers entraîne les prévisions d'inflation légèrement à la hausse, de 1,8 % en 2020 à 2 % en 2021. L'inflation de base aux États-Unis reste très faible. Elle s'établira à 0,8 % en 2021, loin en-dessous de l'objectif de 2 %. Cette inflation mitigée permet aux banquiers centraux de poursuivre leurs politiques accommodantes. Schroders ne prévoit aucune augmentation de taux, ni cette année ni la suivante. L'assouplissement quantitatif sera maintenu à travers le monde, mais à un rythme moins soutenu.
Affaiblissement du dollar
Deux facteurs entraînent l'affaiblissement du dollar. D'une part, la présidence de Biden et la réduction des tensions entre les États-Unis et la Chine qui diminuent l'attrait du dollar comme monnaie refuge. D'autre part, le retour du double déficit. La devise s'en trouve affaiblie parce que les États-Unis deviennent dépendants du financement extérieur.
Le fonds de relance européen couvre les fissures
Le deuxième trimestre européen a été plus mauvais que prévu. Les périodes de confinement ont été plus longues que ce que l'on pensait. Cela a poussé Azad Zangana, économiste européen chez Schroders, à revoir les perspectives de croissance à la baisse, de -6,1 % à -7,8 % pour 2020. Pour 2021, les perspectives viennent d'être relevées de 4,6 % à 6,2 %. La récession plus profonde permettra une accélération de la reprise et les stimulantes budgétaires apportent également leur pierre à l'édifice.
L'augmentation des prix de l'énergie entraînera probablement la hausse de l'inflation, mais les réductions d'impôts neutraliseront à leur tour cet effet. La BCE a prolongé son programme de rachat et Schroders s'attend à ce que cela se répète.
Dans la zone euro, le risque politique s’est sensiblement réduit. Le fonds de relance bouche les fissures causées par l'état dramatique des finances publiques italiennes et le jugement de la Cour Constitutionnelle allemande.
Lire aussi Economic & Strategy Viewpoint - September, de Keith Wade, Azad Zangana et Piya Sachdeva, économistes chez Schroders.
