Le changement climatique fait monter la température dans le secteur du chauffage
18 juin 2021
Les investisseurs dans le domaine du changement climatique sont surtout à la recherche d'entreprises et de secteurs qui arrivent à un point de basculement. Si ces entreprises s'engagent sur une nouvelle voie, la croissance n'est pas toujours suffisamment valorisée par les marchés. Parfois, un tel point de basculement devient de plus en plus proche à cause d’une évolution technologique, comme ce fut le cas pour l'énergie solaire et éolienne. Mais le point de basculement peut également se produire de manière abrupte lorsqu'une technologie existante est carrément abandonnée, comme ce sera bientôt le cas pour les chaudières fossiles, écrit Isabelle Hervey-Bathurst, spécialiste du secteur mondial chez Schroders.
Feuille de route vers le zéro net en 2050
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a défini une trajectoire vers le zéro net pour les émissions de CO2 à l’horizon 2050. C’est important pour atteindre les objectifs climatiques. Le rapport de l'AIE laisse entendre clairement que le développement des technologies propres existantes doit continuer à s'accélérer - aujourd'hui encore et pas demain. L'Agence demande également l'interdiction des chaudières fossiles d'ici 2025. Cela donnerait un énorme coup de pouce à la vente de pompes à chaleur électriques.
Chauffage : défi et solution
Le chauffage est une source importante d'émissions de CO2. En Europe, les bâtiments représentent 35 % de l'ensemble des émissions et 40 % de la demande énergétique. Les deux tiers de cette énergie - en particulier fossile - sont utilisés pour le chauffage. La technologie des pompes à chaleur existe et si les pompes à chaleur sont alimentées par de l'électricité propre, elles réduisent les émissions de CO2 de 90 % par rapport à une chaudière alimentée au gaz.
Selon le plan de l'AIE, les pompes à chaleur représenteront 50 % de la demande de chaleur à l’horizon 2045. Les pompes à chaleur ne sont cependant pas le seul moyen de décarboner le chauffage. L'hydrogène peut aussi jouer un rôle, de même que les systèmes de chauffage urbain (système de distribution de chaleur au moyen de canalisations isolées). Il est vrai que les pompes à chaleur sont une solution qui convient mieux à certaines régions du monde qu’à d’autres, en raison de facteurs tels que le coût de la technologie et le degré d'isolation du parc de logements. Cela explique pourquoi les pompes à chaleur sont largement répandues en Scandinavie.
Mais il ne s'agit pas de savoir quelle technologie « l’emporte » : toutes ces technologies devront connaître une croissance massive. Actuellement, les conditions du marché ne sont pas propices aux pompes à chaleur ou à d'autres solutions à faibles émissions de carbone (par exemple, parce que le gaz est une option moins onéreuse). Peut-être faudra-t-il mener une politique de la carotte et du bâton, comme le propose l'AIE.
Accueil chaleureux de la pompe à chaleur
Le marché des pompes à chaleur s'est développé timidement ces dernières années et, à l’exception des pays scandinaves, le taux de pénétration des pompes à chaleur reste nettement inférieur à 10 %. Aux Pays-Bas et en Belgique, le taux de pénétration n'est que de 2 %. Un changement de politique dans le sens proposé par l'AIE permettrait de déclencher une révolution sur ce marché.
Lire aussi How the climate change revolution has lit a fire under the heating industry, d’Isabelle Hervey-Bathurst, spécialiste du secteur mondial chez Schroders.