Le boom silencieux des actions aurifères

Les mines d’or signent des bénéfices records et de solides bilans, tout en conservant des valorisations attrayantes. Les investisseurs commencent désormais à s’en rendre compte.

En juin de l’année dernière, James Luke, gestionnaire de fonds pour les métaux chez Schroders, affirmait que les actions aurifères affichaient une valorisation historiquement basse. Il ajoutait que le secteur pourrait progresser de 50 % tout en restant bon marché. Depuis lors, sa vision s’avère trop prudente : les actions aurifères connaissent un boom silencieux. Silencieux, en l’absence d’engouement, que ce soit chez les investisseurs ou chez les producteurs. En dépit de sorties nettes de quelque 5 milliards de dollars des fonds aurifères lors des 19 derniers mois, l’intérêt se rétablit.

De nombreux investisseurs se demandent aujourd’hui s’ils ont loupé le coche. Ou s’il est précisément temps de vendre après une hausse de plus de 50 % cette année. Selon Luke, les actions aurifères sont encore bon marché, et ce pour trois raisons :

  • Des marges importantes dissociées des actions ​
    Les actions aurifères ont tendance à surperformer l’or pendant les périodes de hausse des marges et à être moins performantes lors de contractions des marges. Toutefois, depuis la fin de l’année 2023, les marges de trésorerie des producteurs ont atteint des niveaux sans précédent, alors que cela se reflète à peine dans le cours des actions. 
  • Les marges AISC moyennes se situent aujourd’hui aux environs de 2.000 dollars l’once, soit près du double du pic atteint en 2020. La raison ? L’or est de plus en plus considéré comme un actif monétaire ou, comme le dit Ray Dalio, une ‘monnaie sans dette’.
  • Des valorisations raisonnables et de solides bilans ​
    Malgré des marges élevées, les valorisations restent attrayantes. Luke examine différents critères, depuis le P/NAV et le EV/Ebitda jusqu’au rendement des flux de trésorerie disponibles et au rendement du capital investi. Même à un cours de l’or inférieur au prix au comptant, ces indicateurs restent raisonnables. Par ailleurs, les sociétés minières affichent de solides bilans, ce qui les rend plus résistantes à la volatilité.
  • Pas d’engouement en vue
    On n’observe pas d’enthousiasme irrationnel. Au contraire, les investisseurs ont longtemps profité de la hausse pour vendre. Les flux entrants dans les fonds de mines d’or n’ont repris que récemment.

L’histoire structurelle de l’or

L’or est en train de passer du statut d’investissement de niche à celui de classe d’actifs à part entière. Luke considère comme réaliste d’atteindre des pics de 5.000 dollars l’once d’ici la fin de la décennie, voire davantage en raison des tendances géopolitiques et monétaires.

Le cours de l’or atteint aujourd’hui des sommets historiques, tant en valeur nominale qu’en valeur réelle. Il y a à cela trois raisons principales :

  • Banques centrales : achats massifs depuis 2022, lorsque le G7 a gelé les avoirs russes.
  • Chine : demande privée croissante en raison des problèmes du secteur immobilier.
  • Politique américaine : guerre commerciale, pression sur la Réserve fédérale et incertitude politique.

Selon Luke, ces événements sont les symptômes de deux tendances structurelles :

Vulnérabilité budgétaire

La démographie et la paralysie politique engendrent une hausse des déficits et des dettes. Il en résulte une probabilité accrue de dominance budgétaire : les banques centrales doivent financer la dette par des moyens monétaires, les objectifs d’inflation sont plus élevés et la confiance dans les obligations d’État diminue.

Réorganisation géopolitique

Le monde s’éloigne de la Pax Americana unipolaire pour s’orienter vers un ordre multipolaire, avec les États-Unis et la Chine comme rivaux. Ce glissement mène à une multipolarité monétaire : l’effondrement de l’étalon-dollar qui dominait depuis 1971.

Luke se demande si cela ne pourrait pas entraîner une réorganisation du format de Bretton-Woods. Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs qui se fient au portefeuille classique 60/40, dans un monde où les rendements obligataires doivent être maintenus artificiellement bas par la création monétaire ?

L’or, un petit segment de marché, mais crucial

La demande monétaire d’or, un marché d’environ 400 milliards de dollars, est désormais alimentée par d’énormes sources de capitaux : les réserves des banques centrales, les dépôts d’épargne chinois et moyen-orientaux, les capitaux institutionnels (fonds de pension, fondations, family offices) et même le monde des cryptomonnaies. Jusqu’à présent, la croissance provient principalement des banques centrales, mais d’autres sources pourraient suivre.

Graphique : L’or par rapport aux agrégats monétaires, à l’épargne et aux actifs financiers (en milliards US$)

Source : Bloomberg, World Gold Council, Schroders - août 2025.

Selon Bloomberg, le stock actuel de l’ETF est d’environ 95 millions d’onces. Doubler ce chiffre pour atteindre 200 millions d’onces nécessiterait un investissement de 380 milliards de dollars. Un investissement élevé ? Pas d’un point de vue relatif, par rapport à la masse monétaire mondiale. Une vague d’achats simultanés entraînerait toutefois une forte hausse des cours et un déplacement de la demande au détriment des bijoux.

Lire aussi The quiet boom in gold equities, par James Luke, gestionnaire de fonds pour les métaux chezSchroders

James Luke

Contact presse

Wim Heirbaut

Press and media relations, BeFirm

Partager

Recevez des mises à jour par e-mail

En cliquant sur « S'abonner », je confirme avoir lu et accepté la Politique de confidentialité.

À propos de Schroders

À l’attention des rédacteurs

Pour consulter les derniers communiqués de presse de Schroders, rendez-vous sur : https://www.schroders.com/en/global/individual/media-centre/  

Schroders plc

Schroders est une société de gestion internationale qui propose des solutions de gestion active d’actifs, de gestion de patrimoine et d’investissement, avec 906,6 milliards d’euros d’actifs sous gestion au 30 juin 2025. En tant que société britannique cotée au FTSE100, Schroders possède une capitalisation boursière d’environ 6 milliards de livres sterling et emploie plus de 5 800 collaborateurs répartis sur 38 sites. Fondée en 1804, Schroders reste fidèle à ses racines d’entreprise familiale. La famille Schroder, qui détient environ 44 % du capital social émis, reste un actionnaire important.

Le succès de Schroders s’explique par son modèle économique diversifié, qui couvre différentes classes d’actifs, différents types de clients et différentes zones géographiques. La société propose des produits et des solutions innovants au travers de quatre divisions principales : Public Markets, Solutions, Wealth Management et Schroders Capital, qui se concentre sur les marchés privés, notamment le private equity, l’investissement dans les infrastructures renouvelables, la dette privée et les alternatives de crédit ainsi que l’immobilier.

Schroders vise à générer d'excellentes performances d'investissement pour ses clients par le biais d’une gestion active. Cela implique d’orienter les capitaux vers des entreprises résilientes dotées de modèles économiques durables, en accord avec les objectifs d’investissement de ses clients. Schroders sert une clientèle diversifiée qui comprend des régimes de retraite, des compagnies d'assurance, des fonds souverains, des fonds de dotation, des fondations, des particuliers fortunés, des family offices, ainsi que des clients finaux par le biais de partenariats avec des distributeurs, des conseillers financiers et des plateformes en ligne.

Publié par Schroder Investment Management Limited. Registration No 1893220 England.

Schroders est supervisée par la Financial Services and Markets Authority (FSMA), l'Autorité des services et marchés financiers en Belgique.

Pour des mises à jour régulières par courriel, veuillez vous inscrire en ligne sur www.schroders.com pour bénéficier des services d'alerte de Schroders.