L’alignement de trois cycles offre des conditions favorables aux marchés privés
Nos perspectives 2025 pour les marchés privés
Selon Nils Rode, Chief Investment Officer chez Schroders Capital, 2025 s’annonce comme un bon millésime pour investir dans les marchés privés.
Schroders s’attend à ce que 2025 apporte un environnement attrayant pour de nouveaux investissements dans les marchés privés. Cela s’explique par l’alignement favorable de trois cycles significatifs, qui crée des opportunités d’investissement dans différentes stratégies de marché privé :
- Cycle de levée de fonds sur les marchés privés : Après l’exubérance induite par la pandémie, Schroders constate que les levées de fonds se stabilisent après une correction significative ces 2 ou 3 dernières années. Dès lors, une dynamique favorable se dessine actuellement, bien qu’à un rythme différent selon les secteurs, marquée par une concurrence réduite pour les nouveaux investissements, des valorisations d’entrée plus attractives et un meilleur potentiel de performance.
- Cycle de rupture technologique : Schroders considère l’émergence de l’intelligence artificielle comme le début d’un nouveau cycle d’innovation technologique qui s’étendra sur plusieurs années. Dans le même temps, la transition énergétique et la pénétration accrue des énergies renouvelables entraînent une évolution de la manière dont l’énergie est produite et utilisée au sein des économies.
- Cycle économique : Alors que la normalisation des taux d’intérêt des banques centrales a commencé aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe, outre de nouvelles mesures de relance en Chine et les anticipations d’une nouvelle intervention budgétaire dans les pays occidentaux, Schroders estime que le cycle économique devrait passer de la contraction à l’expansion, ce qui devrait soutenir l’ensemble des classes d’actifs, y compris les marchés privés.
Private equity : les small/mid buyouts et le capital-risque sont particulièrement attractifs
Les valorisations des buyouts ont baissé ces trois dernières années, tandis que les places boursières ont enregistré de fortes hausses, atteignant dans certains cas des plus hauts historiques en 2024. Prises ensemble, ces tendances renforcent l’attractivité relative des investissements dans le private equity. Dans le même temps, la correction des levées de fonds a été particulièrement prononcée dans le cas du capital-risque et des rachats de petites et moyennes entreprises, rendant ces segments particulièrement attrayants pour de nouveaux investissements.
Les rachats de petites et moyennes entreprises bénéficient d’un sourcing direct auprès des fondateurs et des familles, et de multiples d’entrée qui restent inférieurs de plus de 4 fois l’EBITDA par rapport aux rachats de grandes entreprises. En outre, le marché des small/mid buyouts représente un univers d’investissement plus de 10 fois plus vaste que celui des large buyouts. Cette taille offre davantage d’opportunités de capter une « prime de complexité », c’est-à-dire la possibilité de capter des rendements plus élevés en s’appuyant sur les compétences des gérants pour exécuter des thèses d’investissement complexes et nuancées.
Le capital-risque a connu une correction salutaire des levées de fonds, suite à l’exubérance observée durant la pandémie. D’autre part, les opportunités sont stimulées par l’essor de l’intelligence artificielle (IA), la part des investissements en capital-risque dans ce secteur ayant augmenté de 2 % en 2022 à environ 15 % en 2024. Nils Rode indique : « Les opportunités dans l’IA en phase de démarrage nous semblent particulièrement attrayantes, sachant que les valorisations des cycles ultérieurs ont considérablement augmenté en 2024 et sont désormais à peine 20 % inférieures à leur pic de 2021. »
Capital immobilier : 2025 sera un bon millésime
Parmi les différentes stratégies axées sur les marchés privés, le capital immobilier a subi la correction la plus sévère en termes de levées de fonds, d’opérations et de valorisations. À l’échelle mondiale, le secteur des bureaux aux États-Unis a été le plus touché pour des raisons cycliques et structurelles.
« Les valorisations sur le marché mondial de l’immobilier commencent à se stabiliser et nos modèles indiquent que 2025 sera un millésime attrayant », déclare Nils Rode. « Nous décelons une opportunité séquentielle dans l’ensemble des régions et des secteurs qui reflète l’ampleur variable de l’ajustement des valorisations jusqu’à présent. Au Royaume-Uni, par exemple, l’ajustement des prix est bien avancé et a créé une valeur relative très favorable, en particulier dans le secteur industriel. Les secteurs des entrepôts et de la logistique se distinguent également par des fondamentaux solides, avec une demande soutenue par des contraintes d’offre de sites conformes aux critères ESG et la hausse des coûts de construction. »
Les opportunités de type « value-add » se distinguent, permettant aux investisseurs d’améliorer leurs portefeuilles en créant des plateformes opérationnelles et en modernisant les immeubles pour répondre à l’évolution des besoins des locataires. Le réaménagement des bâtiments pour les rendre plus durables et plus fonctionnels pour les locataires est de plus en plus bénéfique dans un contexte de capitaux d’emprunts limités et de changements réglementaires, ce qui rend ces secteurs propices à la croissance en 2025.
La dette privée et les alternatives de crédit continuent d’offrir de meilleures primes de risque
Alors que les primes sur le marché de la dette cotée sont à des niveaux historiquement bas, la dette privée et les alternatives de crédit continuent d’offrir des primes de risque attractives, en raison des inefficiences persistantes du capital. Plusieurs segments sont particulièrement intéressants dans le contexte actuel :
- Les prêts immobiliers commerciaux offrent un potentiel de revenu opportuniste à la faveur de taux d’intérêt élevés et de primes de risque influencées par le sentiment des investisseurs et la faiblesse des fondamentaux dans le secteur des bureaux. Les échéances devenant problématiques face à la hausse des taux d’intérêt, une forte sélectivité est essentielle.
- La dette d’infrastructure offre un revenu stable et défensif avec des flux de trésorerie peu volatils, et bénéficie d’une même dynamique d’amélioration des rendements en période de taux élevés.
- Les financements spécialisés et fondés sur des actifs bénéficient des inefficiences du secteur bancaire, offrant un revenu précieux, une diversification et une flexibilité grâce à la structuration.
- Les titres liés à l’assurance (ILS) offrent des revenus non corrélés et tirent parti de l’inefficacité des marchés de l’assurance et de la réassurance.
- Les obligations adossées à des prêts garantis (CLO) constituent une opportunité très prometteuse étant donné que la baisse des taux au jour le jour profite immédiatement à l’emprunteur, et qu’une économie plus forte, associée au financement à moindre marge que permettent les marchés obligataires, se traduit par un potentiel de rendement très attractif.
Les fonds d’infrastructure offrent des rendements attractifs
Les fonds d’infrastructure offrent également un potentiel de revenu élevé et de rendements attractifs grâce à une viabilité économique croissante, à des flux de trésorerie établis et à la corrélation avec l’inflation que procurent les actifs du secteur des énergies renouvelables.
Les énergies renouvelables existent actuellement dans un marché acheteur, avec un recalibrage des rendements alimenté par la hausse des taux d’intérêt et la diminution des réserves de liquidités suite à une correction des levées de fonds. Cela crée un écart d’offre et de demande entre les capitaux disponibles et les besoins de développement de projets renouvelables pour respecter les engagements « net-zéro », offrant des opportunités aux stratégies qui bénéficient d’une gestion active et d’un potentiel d’amélioration des flux de trésorerie sur toute la chaîne de la transition énergétique, des actifs opérationnels Core/Core+ à la construction ciblée et au développement de nouvelles technologies.
La restriction de l’offre protège les rendements immobiliers
Les récentes corrections sur le marché du capital immobilier ont permis d’améliorer les rendements de secteurs dans lesquels l’offre est limitée, comme la logistique et les bureaux haut de gamme. Alors que les coûts de construction restent élevés et que le financement par la dette est tendu, la rareté des biens de haute qualité conformes aux critères ESG alimente la stabilité des revenus locatifs des actifs existants, soutenue par la demande croissante d’infrastructures durables qu’induit la réglementation.
Décarbonation : les moteurs des énergies renouvelables sont avant tout économiques et non politiques
Malgré le discours de la future administration américaine, Schroders s’attend à ce que la décarbonation reste un thème déterminant à l’échelle mondiale en 2025, sous l’effet combiné de sa logique économique, géopolitique et environnementale.
- Au-delà des énergies renouvelables traditionnelles, les nouvelles technologies de transition énergétique telles que l’hydrogène « vert », les infrastructures de recharge des véhicules électriques et les solutions de chauffage urbain gagnent du terrain. Ces innovations répondent aux besoins de décarbonation essentiels dans des secteurs tels que les transports, l’industrie lourde et l’immobilier. À mesure de leur développement, ces marchés verticaux émergents offriront potentiellement un profil de rendement amélioré aux investisseurs qui ont déjà contribué à fournir des solutions innovantes dans le domaine de la transition énergétique.
- Avec l’essor de l’IA et la digitalisation accrue, les centres de données sont un moteur important de la demande d’électricité, laquelle augmente rapidement dans le monde entier. Alimenter en énergie durable des centres de données qui se multiplient avec l’essor de l’IA justifie une valeur supérieure pour les électrons « verts », créés à partir de sources d’énergie propres. Les marchés privés jouent un rôle essentiel dans la transition vers les énergies renouvelables pour ces installations, offrant à la fois un retour sur investissement et un alignement sur les mandats de durabilité.
- Les marchés privés soutiennent également la transition vers une économie circulaire en investissant dans le recyclage, la réduction des déchets et l’efficacité des ressources. En outre, les investissements dans l’assurance climatique sont essentiels pour améliorer l’adaptation et la résilience au climat, en atténuant les risques liés au réchauffement climatique.
Source : Aurora Energy Research, DUKES, Bloomberg New Energy Finance et Schroders Greencoat Estimates. Juillet 2024. Les données incluent uniquement les actifs éoliens onshore et offshore, solaires et de production d’hydrogène. Les capacités installées en GW sont présentées en cumul. 2023 correspond à la taille de marché actuelle des capacités installées. Les montants de 2030 et 2050 en £/€/$ sont des dépenses d’investissement supplémentaires, qui excluent la prime des promoteurs. Rien ne garantit que ces estimations se réaliseront.
En savoir plus
- Outlook 2025: Private markets, par Nils Rode, Chief Investment Officer chez Schroders Capital.
- Site Internet Outlook 2025 de Schroders : contient des articles détaillés sur les perspectives des actions, des obligations et des marchés privés.