Investissements dans les infrastructures : les critères ESG sont indispensables pour déterminer les risques
29 mars 2019
En plus de l'analyse de crédit à laquelle il procède, l’investisseur en infrastructure doit aussi effectuer une analyse ESG et déterminer quelles conséquences les facteurs environnementaux sont susceptibles d’avoir pour l'emprunteur. L'analyse ESG est un facteur très important pour l'évaluation des risques, expliquent Charles Dupont et Jérôme Neyroud, spécialistes en financement des infrastructures chez Schroders.
Les récents déboires de la Pacific Gas & Electric Corporation aux États-Unis à la suite des graves incendies de forêt qui ont frappé la Californie ont encore prouvé l'importance d'une bonne analyse ESG. Les obligations de l’entreprise d'utilité publique étaient pourtant considérées comme extrêmement sûres jusqu'à ce qu’un doigt accusateur soit pointé vers elle après les incendies de forêt mortels. PG&E s’est vue contrainte d’introduire une procédure de mise en redressement pour se protéger contre ses créanciers, tandis que les investisseurs de l'entreprise énergétique ont été subitement confrontés à des pertes substantielles alors que cet investissement était considéré comme à faible risque.
Le changement climatique s’accompagne de conditions météorologiques extrêmes. L'ancienne dirigeante de PG&E avait d’ailleurs mis en garde contre ce risque. L’entreprise énergétique a été confrontée à des conditions climatiques extrêmes et à des incendies de forêt à répétition. Et pourtant les investisseurs n'ont pas réussi à intégrer ce risque dans les cours. Voilà qui illustre à la fois l'importance d'une analyse correcte des facteurs ESG et la manière dont ces derniers peuvent affecter un émetteur. Par exemple, toute interruption de l'approvisionnement en énergie causée par des conditions météorologiques extrêmes a un impact majeur sur les revenus des entreprises énergétiques. En fin de compte, cela provoque une destruction de valeur tant pour les émetteurs que pour les investisseurs.
Nécessité d’investir plus dans les infrastructures
La nature privée des investissements dans les infrastructures et la longueur de la durée de placement rendent indispensable de procéder à une analyse ESG pour évaluer les risques dans ce secteur. Le monde est confronté à des défis majeurs liés au changement climatique, au vieillissement de la population, à l'urbanisation et à l'augmentation de la consommation. Pour relever ces défis, il est nécessaire de reconstruire l'infrastructure de l'économie mondiale. Or, beaucoup de gouvernements se trouvent dans une situation budgétaire « difficile » et les sources traditionnelles de financement (par les banques) sont limitées. Certains projets d'infrastructure bénéficieront du nécessaire accroissement des investissements dans les infrastructures en vue de répondre aux défis sociaux et environnementaux.
Les projets d'infrastructure et les entreprises sont essentiels à la croissance et à la prospérité des économies, à la création d'emplois et à la fourniture de services essentiels aux communautés qu'ils desservent. Selon une étude de l'Economic Policy Institute, chaque tranche de 100 dollars consacrée aux infrastructures augmente la production du secteur privé de 13 dollars (médiane) et de 17 dollars (moyenne) sur le long terme. Le secteur des infrastructures est aussi un acteur important dans la transition vers une énergie plus verte et peut contribuer à la lutte contre le changement climatique en soutenant des modes de production d'énergie plus économiques ou plus écologiques.
Les banques traditionnelles se montrent réticentes à financer les infrastructures
Malheureusement, les projets d'infrastructure ne sont pas toujours financés de manière adéquate par les institutions bancaires traditionnelles. Les récentes adaptations apportées aux Accords de Bâle, par exemple, imposent des exigences plus strictes en matière de prêts et de financement à long terme des infrastructures. En conséquence, les banques traditionnelles se montrent plus frileuses à accorder des prêts que par le passé. En tant qu'investisseur dans les infrastructures, Schroders vise à combler ce fossé et à assurer à ses clients un accès aux flux de trésorerie attrayants, prévisibles et à longue échéance que les investissements en infrastructures peuvent générer.
Les investissements dans les infrastructures se caractérisent par une longue durée de vie économique, une durée d’échéance relativement longue et une stratégie d'achat à long terme. Chaque projet ou entreprise dans lequel Schroders investit doit donc répondre aux exigences les plus strictes en termes de durabilité et de gouvernance. C’est ce qui permet d’arriver à une parfaite adéquation entre la recherche d'un rendement attractif et une prise en compte explicite des facteurs ESG, conformément à ce qu’exigent de plus en plus d'investisseurs.
Lire aussi Infrastructure debt: why ESG is more than just a marketing term et ESG and Infrastructure Finance (en attachement), de Charles Dupont et Jérôme Neyroud, spécalilstes en financement des infrastructures chez Schroders.