Faut-il prendre les signaux faisant craindre l'apparition de bulles en Asie au sérieux ?
18 mars 2021
Récemment, Jeremy Grantham, s’est exprimé de manière très critique sur les marchés des actions américains. Il a appelé cela une bulle épique. Avec une surévaluation extrême, des hausses de prix explosives, des émissions démentielles et un comportement hystérique de la part des investisseurs. Selon Grantham, il s'agit d’une des plus importantes bulles de l’histoire financière. Il soulève auprès de Robin Parbrook, responsable des actions asiatiques chez Schroders, la question de savoir si cela s'applique également aux marchés des actions asiatiques.
L’Asie conserve-t-elle des prix raisonnables ?
Au vu des rapports bénéficiaires des cours, les actions asiatiques ne semblent pas aussi chères. Le rendement sur les actions (return on equity) subit bien une pression, mais on peut s'attendre à une amélioration cyclique dès que l’économie reviendra à la normale.
Amélioration cyclique en vue
D’autres signaux sont plus préoccupants et semblent démontrer que 2021 peut devenir une année de défis pour les actions asiatiques. La croissance bénéficiaire devra être considérable pour justifier les prix actuels des actions. Selon Parbrook, d’un point de vue historique, la chance que cela arrive est réduite. Il cite cela comme étant un des principaux risques de cette année.
Tous les secteurs enregistrent des cours proches ou au-dessus de leur fourchette historique. Il se peut que les prix des actions en Asie ne soient pas extrêmes, mais d’un point de vue historique, elles sont chères. Si les bénéfices n’augmentent pas, il existe un doute quant aux bonnes performances des marchés à court terme.
La notation des actions asiatiques retrouve un sommet historique
Bulle BTEI
Parbrook se fait depuis un certain temps déjà des soucis sur le secteur de la biotech, des véhicules électrique (VE) et de l’Internet (secteurs BVEI). Entre-temps ces actions n’ont pas non plus cessé d'augmenter. Mais alors, se trompe-t-il ? Il pense que non. Le actions VE sont une des bulles que Parbrook a pu voir le plus clairement durant ses 30 années de carrière.
Un problème qu’il rencontre avec les véhicules électriques est que d’un point de vue technique, ces voitures ne sont pas toutes identiques. Un VE se compose d’une batterie, d’un moteur et d’un tas d’électronique. Les seuils d'accès au marché sont bas. Un tas d'argent est alors disponible et ont voit pousser des start-ups comme des champignons. On dispose de suffisamment d’ingrédients pour une guerre des prix. Cela fait penser à ce qui est arrivé dans le passé avec les smartphones et les écrans de télévision plats. Les consommateurs vont vouloir acheter les voitures les plus récentes, munies d’un joli design et des derniers logiciels. Cela mène à un cycle de vie des produits relativement court. Parbrook prévoit que les actions VE vont réaliser des performances décevantes, le secteur devra se consolider. Les ventes sont élevées, mais les marges réduites. De nombreux fabricants fabriquent un produit relativement générique.
La déception menace le secteur de l’Internet
Parbrook se fait également des soucis concernant les actions dans le secteur de l'Internet. Celles-ci risquent de décevoir. Les secteurs les plus liés à l’Internet en Chine deviennent plus compétitifs, avec des développements rapides et une perturbation des services. Ce n’est certainement pas un secteur où tout le monde est gagnant. Parbrook se fait par conséquent de plus en plus de soucis, craignant que l’euphorie excessive transforme les actions Internet en valorisations sous forme de bulles, les rendant sensibles à de fortes baisses si les espérances élevées en matière de chiffre d'affaires et de bénéfice ne sont pas atteintes.
Donc pour en revenir à la première question : une bulle est-elle en train de se former en Asie ?
Parbrook dirait que non – on trouve encore des actions intéressantes qu’il souhaite acheter dans certains secteurs, surtout dans le secteur des semi-conducteurs et du matériel. Des conditions faisant penser à des bulles sont clairement présentes dans une partie importante et croissante de l’univers des investisseurs asiatique, la prudence étant par conséquent de mise.
Lire également Is there an ‘epic bubble’ in Asia, par Robin Parbrook, responsable des actions asiatiques chez Schroders.
