Et si Trump ne bluffait pas ?

Le président Trump mènera finalement une politique favorable à la croissance lorsqu’il prendra ses fonctions le 20 janvier. George Brown, économiste américain, et David Rees, économiste spécialisé dans les marchés émergents chez Schroders, ont déclaré qu’il était encore plus difficile actuellement de faire des prévisions économiques que d’habitude en raison de l’énorme incertitude qui entoure les priorités politiques de la nouvelle administration américaine. Trump tiendra-t-il ses promesses ou pas ?

Brown et Rees ont tenté de modéliser un scénario « Trump agressif ». Ils y formulent quatre hypothèses clés basées sur les promesses électorales de Trump : 

  • Des droits de douane de 60 % seront imposés aux produits chinois et des droits de 10 à 20 % au reste du monde.
  • Des contrôles plus stricts aux frontières limiteront considérablement l’immigration, avec l’expulsion d’un million de sans-papiers par an.
  • Une relance de la part du gouvernement de 10 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, principalement par le biais d’une baisse des impôts pour les particuliers et les entreprises.
  • Une déréglementation large et rapide, en particulier dans les secteurs des combustibles fossiles et de la finance.

Ces facteurs auront un effet déflationniste sur l’économie mondiale par rapport au scénario de base de Schroders. La Chine sera probablement la plus durement touchée par les politiques d’un Trump agressif, bien qu’elles puissent également déclencher une relance majeure de la part du gouvernement afin de soutenir la demande intérieure. Les perturbations du commerce mondial et des chaînes d’approvisionnement signifient que l’impact sur la croissance est plus fort que dans leur scénario de « récession de la consommation aux États-Unis ». Toutefois, la pression baissière sur l’inflation devrait être limitée par un important plan de relance gouvernemental, combiné à des droits de douane de rétorsion et à la dépréciation de monnaies locales par rapport au dollar américain.

Il existe des différences majeures au niveau de l’impact des politiques d’un Trump agressif sur l’économie américaine par rapport au reste du monde. L’affaiblissement du commerce, une pause dans les décisions d’investissement et un choc de confiance général sont susceptibles de faire plonger la plupart des économies dans la récession et de conduire à des réductions agressives des taux d’intérêt. Mais cet ensemble de conséquences aura en fait un effet plus stagflationniste pour les États-Unis. Autrement dit, bien que les perspectives de croissance pour les États-Unis se dégradent également dans le cadre d’un scénario « Trump agressif », le ralentissement de la croissance irait de pair avec une inflation plus élevée, plutôt qu’avec un recul de l’inflation.

La limitation de l’offre pousse les États-Unis vers la stagflation

Alors qu’un Trump agressif pourrait tenter de mettre en place un vaste plan de relance gouvernemental, le renforcement de la demande se heurterait rapidement à une détérioration de l’offre économique. Malgré une compensation partielle par un renchérissement du dollar et des marges bénéficiaires plus importantes, des droits de douane nettement plus élevés sont susceptibles d’entraîner une hausse de l’inflation du prix des produits de base.

Toutefois, la plus grande menace inflationniste viendra probablement de mesures dures contre l’immigration, notamment les expulsions massives, si elle entraîne des pénuries de main-d’œuvre qui se traduiront au final par une hausse des salaires et de l’inflation dans le secteur des services. L’Institut Peterson estime que si des droits de douane supplémentaires de 10 % sur les importations pourraient temporairement ajouter environ un point de pourcentage à l’inflation américaine, les expulsions massives pourraient rapidement ajouter plus de trois points de pourcentage et mettre plusieurs années à se normaliser.

Le PIB américain chuterait probablement dans un premier temps en raison d’énormes perturbations, avant d’être stimulé par des mesures de relance en 2026. Brown et Rees estiment que la perturbation de l’offre de l’économie américaine réduit le taux de croissance annuel potentiel à environ 1,5 %. Autrement dit, une économie où l’offre est plus limitée en raison des politiques agressives de Trump modifie la composition de la croissance nominale, qui s’éloigne de la croissance réelle pour s’orienter vers davantage d’inflation.

Une situation qui mettra la Réserve fédérale (Fed) dans une position difficile. Alors que d’autres banques centrales réduiront leurs taux d’intérêt en 2025, la stagflation pourrait empêcher la Fed d’assouplir sa politique, ce qui renforcerait encore le dollar. Cela risque de soulever de vives critiques de la part de l’administration Trump, ce qui conduira au remplacement du président de la banque centrale, Jerome Powell, à la fin de son mandat en mai 2026, par un président plus ouvert à une politique monétaire accommodante.

Le scénario de Schroders suppose ensuite que les taux d’intérêt américains seront ramenés à 3 % d’ici la fin de 2026 afin de tenter de stimuler la croissance. La combinaison avec un important déficit budgétaire et du compte courant (déficits jumeaux), débouche in fine sur un affaiblissement du dollar.

Un Trump agressif contraint la Chine à relancer son économie

La Chine est probablement celle qui souffrira le plus d’un Trump agressif. L’économie chinoise part déjà d’une position de départ faible - Schroders a récemment revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025, les ramenant à 4 % seulement - et le pays devra également faire face aux mesures commerciales les plus agressives.

La première guerre commerciale avec Trump a été en grande partie inefficace. La Chine tentera probablement à nouveau d’éviter les droits de douane en détournant les échanges par l’intermédiaire de tiers. Toutefois, d’autres pays pourraient être plus réticents à coopérer cette fois-ci, par crainte de représailles de la part des États-Unis.

Pour l’industrie chinoise, qui souffre déjà d’une surcapacité et d’un effondrement de son commerce, des mesures punitives sous la forme de droits de douane entraîneraient probablement un affaiblissement significatif des investissements dans le secteur. Cette situation, associée à une baisse générale de la confiance, entraînera probablement une chute brutale de la croissance du PIB en 2025.

Pékin n’acceptera pas les actions de Trump sans réagir. Une croissance économique beaucoup plus faible devrait inciter les pouvoirs publics à stimuler la demande intérieure par le biais d’investissements dans les infrastructures et la consommation, ce qui pourrait déboucher sur une nouvelle accélération de la croissance en 2026.

Cependant, comme aux États-Unis, la croissance moyenne à long terme devrait être inférieure en raison de la baisse persistante des volumes commerciaux. Les droits de douane élevés seront compensés par des droits similaires sur les importations américaines, y compris des interdictions directes sur des produits essentiels.

Enfin, le taux de change sera probablement abaissé pour compenser une partie de l’impact des droits de douane. L’expérience de la première guerre commerciale suggère même que le renminbi pourrait s’affaiblir jusqu’à 9 par dollar.

La difficulté pour les investisseurs réside dans le fait que si un Trump agressif est un risque, cette probabilité peut fluctuer de manière significative. Les marchés financiers pourraient intégrer les politiques extrêmes dans le courant de 2025, même si elles ne sont finalement jamais mises en œuvre, ce qui pourrait entraîner une volatilité accrue dans diverses catégories d’actifs.

Lire aussi What if Trump isn’t bluffing ?, par George Brown, économiste américain, et David Rees, économiste des marchés émergents, chez Schroders.

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Press and media relations, BeFirm

Tânia Jerónimo Cabral

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