Début d’une phase porteuse d’opportunités pour les obligations d'entreprise
17 avril 2020
Les marchés des obligations d'entreprise ont connu des semaines difficiles. Mais selon Patrick Vogel, Head of Credit Europe, et Martha Metcalf, Head of US Credit chez Schroders, nous entrons dans une nouvelle phase qui verra clairement émerger des gagnants et des perdants.
Phase I - ventes de panique
Les investisseurs en obligations ont connu quelques semaines difficiles de ventes de panique, avec un assèchement des liquidités et un creux de plusieurs jours pendant lesquels pratiquement aucune nouvelle dette n’a été émise. Pendant cette vague de ventes, les investisseurs n’ont guère prêté attention aux entreprises capables de survivre à la crise ou d’en tirer profit.
Durant cette période, les spreads de crédit (le différentiel entre le rendement d'une obligation d’entreprise et le rendement d'une obligation d'État de même échéance) ont augmenté à une vitesse inhabituelle. Les investisseurs reçoivent ainsi une rémunération plus élevée s'ils assument le risque lié aux obligations d’entreprise. La dernière fois que les spreads de crédit ont été aussi importants, c'était lors de la crise européenne de la dette souveraine en 2011. Mais les niveaux de la crise financière de 2008-2009 étaient encore plus élevés.
Cette fois-ci, les banques centrales et les gouvernements n’ont pas tardé à réagir et ont fait preuve de proactivité. Les décideurs politiques ont tiré les leçons du passé. Ils semblent mieux comprendre comment soutenir le système financier. Il y a donc moins de risques d’assister à un effondrement du système.
Phase II - opportunités sélectives
Schroders pense que les marchés sont entrés en « phase II ». On évolue d'une vente indifférenciée vers une meilleure mise en balance et une meilleure différenciation entre, d’une part, les secteurs et les entreprises qui ont la capacité de résister à la crise actuelle, voire d’en tirer profit, et, d’autre part, les entreprises qui n’en seront pas capables. Les décisions d’achat ou de vente seront plus sélectives. Les gagnants et les perdants émergeront plus clairement. Cette phase est porteuse d’opportunités pour les investisseurs capables de faire correctement la distinction entre ces deux groupes.
- En Europe, les spreads vont cesser de se creuser. Dans les segments des titres de type investment grade et des titres à haut rendement, il est désormais possible d'acheter à prix réduit des obligations offrant des rendements avantageux.
- Aux États-Unis, les valorisations sont attrayantes. Le rendement a augmenté d'environ 4 % dans le segment investment grade (ce qui indique une récession) et de plus de 11 % dans le segment à haut rendement. Malgré le choc, le marché des titres de type investment grade a continué de bien fonctionner ces dernières semaines. La demande des investisseurs et des assureurs en Asie est forte.
La volatilité va persister, des dépréciations et des défauts de paiement sont possibles. Mais certains secteurs seront plus durement touchés que les autres. Les déclassements et les défauts de paiement seront ponctuels et pas systématiques.
Maintenant que la Fed rachète des obligations d'entreprise, la donne change. Cela améliore la liquidité, mais c'est aussi une incitation supplémentaire pour les entreprises à maintenir leur solvabilité intacte.
Point de départ prometteur
Schroders distingue un nouveau point de départ sur le marché avec des perspectives de rendement intéressantes. Par le passé, un tel point de départ au niveau des spreads a produit dans les années qui suivent des rendements de 15 à 25 % pour les titres de type investment grade et de 15 à 45 % pour les titres à haut rendement. Entrer aux niveaux actuels peut offrir une réelle opportunité de rendements intéressants.
Lire aussi Are credit markets ready to shift gears?, de Patrick Vogel, Head of Credit Europe, et Martha Metcalf, Head of US Credit chez Schroders.
