Ce que les investisseurs en actions doivent vraiment savoir sur la stagflation

Duncan Lamont, Responsable de la recherche et de l’analyse chez Schroders

  • En moyenne, les actions affichent des performances un peu moins bonnes lors d’une stagflation, mais la différence n’est pas significative. Les grands profits sont rares, mais le pessimisme n’est pas de mise. Rester investi est souvent payant à long terme.
  • Une bonne année boursière en cas de stagflation ne nécessite pas de krach ni de baisse des taux d’intérêt au préalable – cela donne de l’espoir aux investisseurs.
  • Les rendements sectoriels varient fortement en fonction de la période de stagflation.
  • La stagflation accentue les différences entre les entreprises. Les entreprises qui ont de solides bilans et un pouvoir de fixation des prix ont l’avantage. Cela procure des opportunités pour les investisseurs actifs.

On observe une crainte de plus en plus grande que l’économie mondiale se dirige vers la stagflation – une situation de faible croissance combinée à une inflation élevée. L’escalade des tensions au Moyen-Orient et la hausse des prix de l’énergie renforcent ces inquiétudes. Historiquement, cet environnement est généralement défavorable aux actions, mais les investisseurs ne doivent pas paniquer : les actions continuent souvent à afficher des performances raisonnables, quoique moins bonnes qu’à d’autres périodes.

Il convient de constater que les différences de performance entre les secteurs et les entreprises s’accentuent dans un environnement stagflationniste. Les marchés d’actions européens peuvent mettre à profit leur répartition sectorielle par rapport aux États-Unis – un défi pour les investisseurs qui comptent principalement sur les actions américaines.

Pourquoi la stagflation est-elle un défi pour les entreprises et les investisseurs ?

En cas de faible croissance, les consommateurs et les entreprises resserrent les cordons de la bourse, ce qui réduit la demande. Dans le même temps, une inflation élevée entraîne une hausse des coûts. Dans une économie forte, les entreprises peuvent répercuter ces coûts, mais en cas de faiblesse de la demande, cela devient plus difficile. Les marges bénéficiaires sont alors mises sous pression, ce qui pèse sur les résultats des entreprises.

En outre, il est plus difficile pour les banques centrales d’intervenir. En général, elles abaissent leurs taux pour stimuler l’économie, mais en cas d’inflation élevée, elles veulent au contraire relever leurs taux, ce qui peut aggraver la stagnation, tandis qu’une baisse des taux d’intérêt exacerbe le problème de l’inflation.

Comment les actions performent-elles lors d’une stagflation ?

Pour l’analyse de Lamont, la définition de la stagflation est simple : une croissance du PIB réel inférieure à la moyenne des dix dernières années, combinée à une inflation (CPI) supérieure à cette même moyenne. Cela a permis d’analyser près de 100 ans de données de marché et de performances sectorielles depuis 1974.

Comme on peut s’y attendre, les actions éprouvent en moyenne plus de difficultés lors d’années de stagflation. Depuis 1926, le rendement annuel réel médian au cours de ces années a été d’environ 0 % – inférieur au taux souhaité, mais en ligne avec l’inflation. Dans la moitié des cas, le rendement a même été positif, +16 % en moyenne. Lors d’années négatives, la perte moyenne s’est élevée à -14 %.

Par rapport aux liquidités, les actions ont surperformé lors de 10 des 17 années de stagflation. Il n’est donc pas forcément plus sûr de rester positionné entièrement en liquidités. De plus, statistiquement, la différence de performance entre les actions et les liquidités lors d’années de stagflation par rapport aux autres années n’est pas significative — ce qui suggère que le hasard peut jouer un rôle.

Un krach ou une baisse préalable des taux est-il nécessaire pour obtenir de bons rendements d’actions lors d’une stagflation ?

On peut se demander à juste titre si certaines conditions économiques sont nécessaires pour obtenir des rendements positifs sur les actions lors d’une stagflation. Sur les 17 années de stagflation, seuls huit ont produit un rendement réel positif (1967, 1971, 1975, 1979, 1980, 2006, 2007, 2009). L’échantillon est donc réduit et ne permet pas de tirer de grandes conclusions. Les données permettent toutefois de comprendre certaines choses :

  • Une baisse boursière préalable n’est pas requise. Dans la plupart des cas, un rendement positif a suivi une année au cours de laquelle les actions ont déjà bien performé.
  • Les baisses de taux ne sont pas non plus nécessaires. En 1979, 1980 et 2006, les taux ont même augmenté et sont restés à peu près identiques en 2007.

En résumé, les actions peuvent également bien performer lors d’une stagflation sans correction préalable ni baisse des taux d’intérêt, même si le risque reste accru.

Certains secteurs performent-ils mieux que d’autres lors d’une stagflation ?

Les données sectorielles ne sont disponibles que depuis 1974, ce qui limite le nombre d’années de stagflation que l’on peut analyser. En outre, les secteurs eux-mêmes ont fortement évolué. Alors que jadis, les services de communication englobaient principalement les entreprises de télécommunications, Alphabet et Meta dominent désormais près des deux tiers de ce secteur sur la base de leur capitalisation boursière.

Les causes de l’inflation diffèrent également. Au cours des périodes précédentes, la hausse des prix des matières premières était le principal moteur; cette fois, les prix sont restés faibles sur une longue période en raison de stocks importants et de la faiblesse de la demande — jusqu’aux tensions récentes entre Israël et l’Iran. Aujourd’hui, ce sont surtout les droits de douane qui jouent un rôle direct dans le risque inflationniste.

Les conclusions tirées de données historiques doivent donc être interprétées avec prudence et complétées par un jugement qualitatif. Il n’y a pas de preuve historique d’une baisse inévitable des actions dans un scénario de stagflation. La probabilité de rendements élevés est peut-être plus faible, mais le pessimisme n’a pas lieu d’être.

Certains marchés d’actions ont-ils des répartitions sectorielles plus favorables en cas de stagflation ?

Lors de l’évaluation des ventilations sectorielles, il est important de compléter les données historiques par des évaluations du contexte économique actuel. Les pressions inflationnistes actuelles, principalement dues aux droits de douane, diffèrent fortement des périodes de stagflation précédentes.

Les États-Unis se distinguent par leur forte pondération dans la technologie, un secteur qui affiche des performances historiquement faibles en cas de stagflation. Les services de communication – avec Alphabet et Meta – sont en fait des entreprises technologiques, souvent chèrement valorisées et sensibles aux conflits commerciaux. Les secteurs qui se portent historiquement bien en cas de stagflation ne représentent que 16 % du marché américain. Les États-Unis semblent ainsi vulnérables en cas de stagflation persistante.

L’Europe est fortement exposée à l’industrie, ce qui semble a priori préjudiciable – surtout au vu des droits de douane américains. Mais les investissements dans la défense et les infrastructures (p. ex. en Allemagne) peuvent justement soutenir l’industrie européenne, en particulier en privilégiant les « achats européens ». En outre, les surpondérations dans les services publics et les sous-pondérations dans la technologie et les services de communication peuvent s’avérer bénéfiques. Les institutions financières sont plus risquées, mais profitent actuellement d’une pentification de la courbe des taux.

Le Japon est fortement exposé à l’industrie et à la consommation discrétionnaire (43 % du MSCI Japon), deux secteurs sensibles au commerce mondial. Le pays est peu exposé aux secteurs qui pourraient bénéficier de la stagflation. Les réformes en matière de gouvernance d’entreprise et les faibles valorisations sont des éléments positifs, mais le contexte mondial reste difficile.

Pour en savoir plus, lisez l’article « What would stagflation mean for equity investors ? » De Duncan Lamont, Responsable de la recherche et de l’analyse chez Schroders.

Duncan Lamont

Contact presse

Anna Lauwaerts

PR Consultant, Befirm

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